Opinion: Taïwan doit se défendre.

Par Khedroob Thondup

J'ai visité Taiwan pour la première fois en 1985, lorsque j'ai été délégué par Sa Sainteté le Dalaï Lama pour entamer un dialogue avec le Parti nationaliste chinois (KMT).

J'ai passé trois jours à parler aux officiels, le résultat final étant la signature d'un accord où la République de Chine (ROC) a reconnu le droit à l'autodétermination des Tibétains.

Selon les archives officielles du KMT à Nankin, le Tibet n'a jamais payé d'impôts au gouvernement de la ROC.

En 1997, le Dalaï Lama a effectué sa toute première visite à Taïwan à l'invitation du président de l'époque, Lee Teng-hui (李登輝). Lee a pris la décision audacieuse d'ouvrir les portes de Taiwan à Sa Sainteté. La visite a été des plus réussies et a changé l'attitude de Sa Sainteté envers les Taïwanais.

Sa Sainteté m'a demandé ce que je pensais de sa visite et je lui ai dit que, comme c'était sa première visite dans un «territoire Han», c'était historique, et s'il réussissait à Taiwan, il réussirait en Chine.

Après avoir vu la solide démocratie de Taïwan, Sa Sainteté a reconnu les Taïwanais comme une entité distincte des Chinois.

Plus tard cette année-là, j'ai visité Taipei pour lancer un lobbying populaire sur les questions tibétaines. À une occasion, j'ai rencontré le maire de Taipei Chen Shui-bian (陳水扁), qui était assez contrarié, car il n'avait pas été reçu en audience par Sa Sainteté lors de sa visite. En tant que maire, Chen a lancé une invitation à Sa Sainteté, que Sa Sainteté a acceptée lorsque Chen était président.

Lors d'un petit-déjeuner avec l'ancien directeur de l'Institut américain de Taïwan, James Lilley, et le président du Parti démocrate progressiste (DPP) de l'époque, Hsu Hsin-liang (許信良), ce dernier a demandé à Lilley s'il pensait que la Chine tirerait un jour des missiles vers Taïwan. Lilley s'est tournée vers moi et a dit : « Pourquoi ne demanderions-nous pas à notre ami tibétain ? J'ai répliqué en donnant l'exemple de l'invasion chinoise du Tibet en 1950, où ils ont utilisé des armes modernes contre nous, les Tibétains.

J'ai toujours pensé que le DPP était bon dans la politique d'opposition, mais je n'ai jamais eu la moindre idée des tactiques brutales de la Chine et de la manière de défendre Taiwan.

Une question que j'ai trouvée troublante était l'identité nationale. Dans les années 1990, il y avait deux camps distincts : les Continentaux et les résidents locaux. Aujourd'hui, cela a évolué à mesure que les jeunes de Taiwan s'identifient comme taïwanais.

Après le typhon Morakot, qui a causé de nombreuses morts et destructions, Sa Sainteté a été invitée à Taïwan et le gouvernement du KMT lui a délivré un visa à condition qu'il ne fasse aucune déclaration politique.

La présidente Tsai Ing-wen (蔡英文) dans son premier mandat est devenue la seule présidente du DPP à ne pas délivrer de visa au Dalaï Lama à sa demande de se rendre à Taïwan.

Après 30 ans à Taïwan, j'admire la façon dont la démocratie est devenue dynamique, mais je me demande si les Taïwanais ont la volonté de tenir tête à la République populaire de Chine (RPC).

"Un pays, deux systèmes", qui a commencé au Tibet et a échoué à Hong Kong, est passé. Ce qui reste maintenant à la RPC, c'est l'utilisation de la force brute : ils ont réprimé le Tibet, puis Hong Kong et utilisent maintenant des tactiques musclées à Taiwan.

Je crois que la démocratie taïwanaise survivra, mais les Taïwanais doivent d'abord se défendre.

(Les opinions exprimées sont les siennes)

L'auteur est un ancien membre du Parlement tibétain en exil.

Opinion: Taiwan must stand up for itself - Phayul

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