Sécurité renforcée à Lhassa au Tibet à l'occasion de l'anniversaire du soulèvement.

La police était en force dans la capitale après qu'un jeune Tibétain se soit immolé par le feu lors d'une manifestation quelques jours plus tôt.

La sécurité a été sensiblement renforcée à Lhassa, la capitale du Tibet, jeudi, à l'occasion de l'anniversaire sensible d'un soulèvement contre le régime de Pékin, selon des sources dans la région, à peine une semaine après qu'un célèbre chanteur tibétain s'est immolé par le feu en signe de protestation devant l'emblématique Potala de la ville. Palais.

Des sources ont indiqué que des véhicules militaires étaient en force dans la capitale, tandis que de nombreuses rues étaient bloquées le jour où, 63 ans plus tôt, des dizaines de milliers de Tibétains ont envahi la ville pour protester contre l'occupation de leur patrie par la Chine. Le soulèvement a ensuite été écrasé par les forces de sécurité chinoises et a conduit à une forte répression contre le peuple tibétain et à la fuite de leur chef spirituel le Dalaï Lama vers l'Inde.

"Il y a une énorme présence militaire chinoise à Lhassa aujourd'hui et le conducteur de chaque voiture ou véhicule qui passe est interrogé et invité à montrer sa carte d'identité", a déclaré une source au service tibétain de RFA, sous couvert d'anonymat.

La source a déclaré que dès le mois dernier, les autorités avaient embauché des Tibétains au chômage dans des colonies à la périphérie de Lhassa pour entrer dans la ville afin de "surveiller la situation" pour tout signe de troubles, en particulier dans les zones autour des vénérés Sera, Drepung et Monastères de Ganden.

« Les autorités chinoises ont commencé à embaucher des Tibétains locaux des villages [de la région] en février. Rien que dans l'un des villages, environ 30 Tibétains sans emploi ont été embauchés, et la plupart ont été envoyés à Lhassa et Shigatse », a-t-il dit, faisant référence à une autre ville préfectorale de la Région autonome du Tibet (TAR).

« Ils sont payés 500 yuans (80 dollars américains) par jour pour faire leur travail et sont récompensés en plus, selon les informations qu'ils fournissent aux autorités chinoises. Leur travail principal est d'écouter les conversations sur tous les sujets politiquement sensibles et de signaler les gens.

D'autres sources ont déclaré à RFA avant l'anniversaire de jeudi que la police avait surveillé les trois monastères de Lhassa jour et nuit, et que les contrôles étaient nettement plus stricts que l'année précédente.

Une source tibétaine de la région, qui a également refusé d'être nommée, a déclaré que les autorités étaient particulièrement nerveuses après qu'un chanteur tibétain contemporain populaire nommé Tsewang Norbu a crié des slogans et s'est immolé par le feu devant le palais du Potala à Lhassa le 25 février.

"L'atmosphère est tellement tendue en ce moment et cela a eu un impact énorme sur la santé mentale des gens", a déclaré la source, ajoutant que les habitants de la ville ont l'impression que quelqu'un les regarde toujours et ont peur de se parler.

Norbu, 26 ans, est décédé plus tard des suites de ses blessures, devenant le 158e Tibétain confirmé s'être immolé par le feu depuis 2009 pour protester contre la domination chinoise dans les régions tibétaines. Huit autres ont perdu la vie au Népal et en Inde.

Sites clés en confinement

Une troisième source a déclaré à RFA que si le palais du Potala et d'autres sites sont actuellement ouverts aux visiteurs, "il y a tellement de policiers chinois en uniforme et en civil répartis dans toute la zone pour surveiller chaque activité".

"On peut voir des caméras installées tout autour du temple du Jokhang et les personnes visitant Lhassa depuis d'autres régions doivent enregistrer leur arrivée et être contrôlées."

Le temple de Jokhang, sur la place Barkhor de Lhassa, est largement considéré comme le temple le plus sacré et le plus important du Tibet. Le temple a été saccagé en 1966 par les gardes rouges - les jeunes militants politiques de la révolution culturelle de l'ère Mao - mais rénové dans les années 1970 et désigné site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2000 en tant qu'extension du palais du Potala six ans plus tôt.

L'immense colline du Potala qui domine l'horizon de Lhassa était le palais d'hiver des Dalaï Lamas historiques de 1649 à 1959, lorsque l'actuel Dalaï Lama s'est enfui en Inde après le soulèvement contre la domination chinoise sur la région himalayenne autrefois indépendante, déclenchant une répression dans laquelle le palais a été bombardé et des milliers ont été tués par les troupes chinoises.

Golok Jigme, un ancien prisonnier politique qui vit maintenant en Suisse, a déclaré à RFA que des sources au Tibet avaient signalé des contrôles plus sévères avant l'anniversaire dans les préfectures autonomes tibétaines de Kardze (en chinois, Ganzi) et de Ngaba (Aba), et dans le Kanlho ( Gannan) Préfecture autonome tibétaine de la province de Gansu, y compris l'érection de points de contrôle de sécurité supplémentaires.

"Les Tibétains sont interdits de rassemblement et empêchés d'effectuer des rituels de prière, tandis que leurs groupes de discussion sur les réseaux sociaux sont surveillés, ce que les autorités chinoises prétendent à tort faire partie d'une tentative de contrôler la propagation du COVID-19", a-t-il déclaré.

Le jour du soulèvement national en 2008, les Tibétains protestant contre la domination chinoise à Lhassa ont déclenché des manifestations similaires dans les monastères de toute la région tibétaine qui ont été violemment réprimées par les autorités. Certains groupes de défense des droits estiment que jusqu'à 400 Tibétains ont été tués lors des manifestations, qui se sont prolongées jusqu'en octobre 2009.

Événements solidaires

Les Tibétains du monde entier ont organisé jeudi des événements pour exprimer leur solidarité avec ceux qui vivent sous domination chinoise au Tibet, plusieurs groupes manifestant devant les ambassades et consulats chinois.

Sikyong Penpa Tsering, le chef de l'administration centrale tibétaine en exil à Dharamsala, en Inde, a publié une déclaration à l'occasion de l'anniversaire de jeudi dans laquelle il a condamné "la sinisation systématique en cours de la nouvelle génération de Tibétains au Tibet" par des politiques qui encouragent l'assimilation ethnique, appliquent l'usage de la langue chinoise et la fermeture des écoles pour les minorités.

Il a également exhorté la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, à enquêter sur les informations faisant état de violations des droits de l'homme au Tibet dans le cadre d'un voyage prévu en Chine en mai.

Dans la capitale indienne, New Delhi, la police a arrêté environ 70 jeunes manifestants tibétains qui ont convergé vers l'ambassade de Chine pour marquer l'anniversaire de jeudi, avant de les relâcher plus tard.

Les communautés tibétaines et leurs partisans dans plusieurs pays, dont les États-Unis, le Mexique, l'Angleterre, l'Australie, l'Espagne, la Bulgarie, la République tchèque et le Népal, ont également organisé des manifestations devant les missions chinoises pour demander la fin du régime de Pékin au Tibet.

Traduit par Tenzin Dickyi.

Écrit en anglais par Joshua Lipes.

Security tight in Tibet's Lhasa on anniversary of uprising

Police were out in force in the capital after a young Tibetan set himself on fire in protest days earlier. Security was noticeably tightened in Tibet's capital Lhasa Thursday on the sensitive anniversary of an uprising against Beijing's rule, according to sources in the region, barely a week after a well-known Tibetan singer set himself on fire in protest in front of the city's iconic Potala Palace.

https://www.rfa.org